Selon toute vraisemblance la nouvelle équipe gouvernementale ne remettra pas en question à court terme les coupes opérées ces dernières années par le précédent gouvernement dans certains budgets du Ministère de la Culture. On ne procèdera pas à de nouvelles coupes mais il semble bien qu’on entérinera celles décidées par les prédécesseurs, y compris celles de 2012 particulièrement désastreuses pour les acteurs du secteur indépendant.
Ces acteurs, malmenés depuis 10 ans et principales victimes de la politique culturelle de « prestige » voulue par le précédent gouvernement attendent, on s’en doute, autre chose d’un changement qui était de surcroit annoncé pour « maintenant ».
D’autant qu’au régime de défaveur infligé par le précédent gouvernement et pour l’instant entériné par celui-ci, s’ajoute (si l’on peut dire) la baisse du soutien des collectivités territoriales. Notamment celle du Conseil Régional d’Île-de-France pour ce qui nous concerne. La nouvelle majorité régionale a entamé sa troisième année de mandature : une troisième année de baisse consécutive de financement pour nous.
De changement, nous en avons le plus urgent besoin car la masse salariale de l’Échangeur sera cette année encore et pour la 4ème année consécutive en diminution. On annonce côté Région une aide prochaine aux « fabriques de culture » et côté ministère on fait état d’une préoccupation à l’égard des lieux indépendants, mais à ce jour c’est bel et bien la continuité et l’uniformité qui caractérisent à ce jour les politiques de soutien nous concernant : moins 15% de financement de l’État (de droite) sur les trois dernières années, moins 11% de la région (de gauche) sur la même période.
Rendre compte publiquement de la situation qui nous est faite ne suffira pas à l’améliorer ; mais demeurer silencieux face à la disparition de l’aide publique et la mise en péril de notre projet n’incitera pas davantage les autorités politiques à une plus juste prise en compte de nos activités.
Depuis 10 ans c’est à une véritable prolétarisation des artistes et des acteurs culturels que nous assistons. Dans ce domaine, comme dans les autres, il n’y a que la mobilisation collective qui permettra d’inciter les pouvoirs politiques gouvernants à initier la politique de relance économique dont les salariés et les habitants de notre pays, comme de nombreux autres, ont le plus urgent besoin.
RÉGIS HEBETTE