EDITO Septembre 2013

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L’ECHANGEUR amorce sa dix-neuvième saison. Les théâtres de création se faisant rares, elle sera particulièrement chargée et les équipes seront plus nombreuses encore à se partager les espaces de L’ÉCHANGEUR pour y présenter leurs spectacles ou les répéter. Malgré le coup de pouce apporté par la Région Île-de-France avec l’Aide aux fabriques, les conditions faites aux équipes artistiques et aux salariés du théâtre demeureront inchangées ; ce qui se gagne d’un côté se perdant de l’autre.

À ce sujet, 140 professionnels ont cosigné avant l’été une lettre adressée à la Ministre de la culture pour attirer son attention sur le déséquilibre existant entre le « rayonnement » de L’ÉCHANGEUR et sa situation économique ; la réponse de la Ministre, rapide et cordiale, laisse entrevoir une possible évolution à plus ou moins long terme…

Il n’en reste pas moins que la réouverture prochaine du Théâtre Paris-Villette est emblématique de la situation des théâtres de création : après l’éviction de la précédente direction, une nouvelle équipe a été nommée qui s’engage à faire plus avec près d’un tiers de financement en moins… C’est sur la part des artistes qu’il faudra rogner. Et si cette nouvelle direction échoue, il est probable qu’une autre se proposera de faire mieux avec toujours moins.

Autre signe des temps, la revue Mouvement, une des rares qui soit résolument du côté de l’innovation artistique, est en « redressement judiciaire » en raison de difficultés financières et voit son avenir s’assombrir après quelques 20 années d’existence.

Bref, le monde du spectacle vivant fait le dos rond. Silencieusement.

De son côté, l’Assemblée Nationale a adopté, le 23 juillet dernier, le projet de loi relatif à « la modernisation de l’action publique territoriale et à l’affirmation des métropoles ».

Le Grand Paris(1) englobera à terme la capitale et les trois départements de la petite couronne – Seine-Saint-Denis, Hauts-de-Seine et Val-de-Marne. Localement, la communauté d’agglomération « Est ensemble » prend ses marques, sans davantage de concertation avec les populations et les acteurs de terrain. Le pouvoir politique se réorganise, éloignant les citoyens des instances de décisions qui les concernent.

« Tous ces orages qui s’abattent sur nous sont autant de signes que le temps va bientôt se mettre au beau, et nos affaires suivre un cours meilleur. Ni le mal ni le bien ne sont durables ; par conséquent, le mal ayant beaucoup duré, le bien doit être proche », aurait pu dire cet optimiste impénitent de Don Quichotte(2). Mais en ces temps de crise
(qui ont vu les 500 plus grosses fortunes de France croître de 25 % en 2012), c’est une remarque plus prosaïque de Sancho Panza qui devrait nous servir de devise : « qu’on me mette seulement un doigt dans la bouche et on verra si je sais mordre ».

REGIS HEBETTE

(1) voir Paris nous appartient
(2) voir Don Quichotte ou le vertige de Sancho