DROGUES, POLITIQUES ET CONTRE-CULTURES – Séminaire EHESS-ASUD
Séminaire | Projection | Débat
17h - 00h
Les prohibitions des drogues et les contre-cultures sont intrinsèquement liées. L’une a nourri l’autre. La prohibition de la marijuana aux Etats Unis, en 1937, visait les Latinos, accusés par-là de comportements paresseux. De même la répression des consommateurs d’héroïne dans les années 1940-1980, puis du crack au cours des dernières décennies, a eu dans le collimateur les Noirs américains, accusés d’être des mauvais travailleurs après avoir été des mauvais esclaves, s’adonnant à la musique, à la danse et au sexe. Ces mêmes accusations ont été à la base des lois de 1970, aux Etats Unis et en Europe, punissant de prison les simples consommateurs de drogues interdites : des lois qui visaient en particulier à punir les hippies, ces perturbateurs de l’ordre social et moral, porteurs d’une contre-culture. Paix et amour au lieu de guerre et inimitié, solidarité fraternelle au lieu d’égoïsme, communauté ouverte au lieu d’enfermement sur soi.
17h-20h = DES CHAMPS DE COTON AUX CITÉS DE BANLIEUE : MUSIQUES ET DROGUES COMME MOYENS DE RÉSISTANCE DANS LA CULTURE NOIRE
« Le Hip-Hop, la contre-culture et l’usage de produits psychoactifs » par Georges Lachaze
Administrateur d’ASUD. Auteur de la série d’articles sur le sizzurp, « Hip-Hop : le sirop de la rue », dans ASUD Journal. Ancien travailleur social dans des programmes de Réduction des Risques liés aux usages de drogues et aux IST. Hip-Hop head et beatmaker.
Né en 73 dans le South Bronx, le Hip-Hop ouvre son micro aux sans voix. À l’origine mouvement contre-culturel revendiquant l’expression artistique comme alternative à la violence des gangs, au trafic et à la consommation de stupéfiants, le Hip-Hop va devenir un phénomène culturel de masse et une industrie multimilliardaire. Sur les murs, derrière des platines, sur un carré de lino ou micro en main, ce sont plusieurs générations à travers le monde qui extériorisent sans filtre la réalité de leur quotidien : les violences policières, socio-économiques, conjugales, criminelles, les injustices, les discriminations, l’abandon aussi bien que les potes, le sexe et la fête. Les dopes font rapidement parti des sujets récurrents et sont abordées différemment selon les lieux et les époques. Des projects des 5 boroughs new-yorkais, aux palmiers des ghettos californiens en passant par le Dirty South post-ségrégationniste et les quartiers de France, revue des rapports ambivalents entre Hip-Hop et produits psychoactifs
« La musique et les drogues : du rock au rap » par Bertrand Lebeau Leibovici
Médecin addictologue dans deux hôpitaux franciliens. Secrétaire d’Asud (Auto Support des Usagers de Drogues). Il présente quelques réflexions sur les liens entre musique et drogues à partir de celle qu’il écoutait dans les années 70 (rock) et de celle qu’écoute aujourd’hui son fils (rap).
« Le rap dans la vraie vie » par Seär
Rappeur (Label L’Or Noir), il parlera de la manière dont le rap développe les capacités d’adaptation à différents univers sociaux (CSP, rural/urbain, milieu professionnel). Il parlera aussi de sa mission d’enseignement des arts de rue auprès des 16-22 ans.
« Le prosélytisme stupéfiant dans le Hip-Hop » par Solo
DJ, acteur, rappeur, producteur et vice-champion du monde de Jiu-jitsu, Solo est inclassable. Du terrain vague de la Chapelle aux micros de Radio Nova, Solo est un pionnier du mouvement Hip-Hop. De la danse avec les Paris City Breakers au rap avec Assassin, en passant par la réalisation de la BO de La Haine, il a contribué à importer et populariser cette culture en France, en lui donnant une identité propre.
Le prosélytisme stupéfiant dans le Hip-Hop. Né de la misère sociale, le Hip-Hop adopte une posture positive, solidaire, éducative et festive à la fois. A une époque où les ghettos américains et les quartiers populaires français sont décimés par les overdoses, les rappeurs affichent le visage de la sobriété et prônent l’abstinence avec des textes dissuasifs énumérant les méfaits des drogues. Générations après générations au cours de sa globalisation, le discours a évolué. Sacralisation de la figure du dealer et de son imagerie gangsta violente, popularisation actuelle des paradis artificiels, les psychotropes divisent la communauté. De la Zulu Nation à la culture populaire dominante, de l’épidémie d’héroïne des 80s à celles des opioïdes aujourd’hui, de « The Message » à « Mask Off », Solo livre la vision d’un MC qui a traversé ces époques.
20h-21h = Pause conviviale, restauration au bar du théâtre
21h- 00h00 = Projection du film « Les Etats-Unis et la drogue : une guerre sans fin » d’Eugène Jarecki (1h45), suivie d’un débat animé par Fabrice Olivet, directeur d’ASUD (Auto Support des Usagers de Drogues)
Séminaire en accès libre
Projection en prix libre
Un cycle de 7 projections et 4 séances du séminaire « SAVOIRS DES LUTTES, LUTTES DES SAVOIRS« dirigé par Alessandro Stella et Nicolas Jaoul aura également lieu à L’Échangeur
> jeudi 24 janvier – en partenariat de L’Université populaire de Bagnolet.
20h30 – projection : La bataille de l’eau noire de Benjamin Hennot
> jeudi 21 février
17h-20h – projection du film Les moissons de la révolte en présence des réalisateurs Richard Hamon et Alessandro Stella, suivie du séminaire La transmission de la mémoire du mouvement Anarchiste espagnol. Avec Arnaud Dolidier et Jean-Marc Rouillan
20h-21h : repas
21h – projection : Vers Madrid de Sylvain George
> jeudi 21 mars
17h-20h – séminaire : Luttes des sans-papiers, des demandeurs d’asile et des expulsés.
Avec Etienne Balibar, Denis Godard, Clara Lecadet, Léopoldine Manac’h, Anzoumane Sissoko
20h-21h : repas
21h – projection : Brûle la mer de Nathalie Nambot et Maki Berchache
> jeudi 18 avril
17h-20h – séminaire : Luttes féministes et queer en France. Avec Cy Cerf, Isabelle Clair, Gianfranco Rebuccini.
20h-21h : repas
21h – projection : Vues de mai images inédites et muettes de mai 68 au quartier latin commentées par les cameramen italiens envoyés par le PCI.
> jeudi 16 mai (dans le cadre du Printemps de L’Échangeur #2)
17h-20h – séminaire : Luttes, recherche et féminisme dans les suds. Avec Kassia Aleksic sur les femmes dans la lutte pour la réforme agraire en Indonésie, Fabiana Bruna sur la lutte des femmes afrobrésiliennes dans le champ de l’art contemporain.
20h-21h : repas
21h – projection : Sangharsh de Nicolas Jaoul
> jeudi 06 juin
20h30 – projection du film de Laurie Lassalle sur la ZAD de Notre-Dame des Landes