STREET LIFE
Pendant les trente et une dernières années de sa vie Joseph Mitchell – auteur et chroniqueur New Yorkais majeur du 20è siècle – n’a plus proposé aucun texte à son journal tout en continuant à s’y rendre quotidiennement. Les témoins se souviennent du son de la machine à écrire derrière la cloison de son bureau. Il est impossible de savoir avec certitude s’il considérait individuellement terminés chacun des récits qu’il a laissés mais ils forment un ensemble qui lui ne l’est pas. Les deux récits qui composent Street Life constituent chacun à leur façon un chapitre interrompu de l’autobiographie dont il avait plusieurs fois, dans sa correspondance ou son œuvre antérieure, établi le projet.
Avec Street Life , il est parvenu en un froissement de pages à fouiller la ville puis l’enfance et la nature de manière si fulgurante qu’il nous laisse en proie à une troublante sensation d’exhaustivité. La trame distincte des blocks de New York est une forêt compacte et les fûts immenses des cyprès chauves s’enracinent dans l’eau. Dressés les uns à la parallèle des autres ils ouvrent sur un précipice. Mitchell a circonscrit ses récits de l’intérieur, et même si les mémoires n’y étaient pas contenues, la mémoire si, comme une substance.
Après l’avoir traduit François Tizon met en scène et interprète Street Life .